samedi 3 décembre 2011

Arrivée aux Canaries 2 décembre


La traversée la plus longue...
Du 27 novembre de Mohammedia à la Sociedad sur l'île Graciosa.
Les conditions de cette navigation furent parfaites, du portant, pas de grosses lames, le bateau le plus souvent à plat et peu de cargos. On pouvait facilement ratrapper les nuits fractionnées la journée.
Quelle étrange sensation de réaliser qu'il n'y a personne, la journée, lorsque le soleil brille, les questions ne se posent pas. Mais quand la nuit tombe, quand le bateau suit le déclin du soleil couchant sublime sur l'eau, quand la mer commence à scintiller dans le reflet de la lune et que la navigation se fait à l'écoute du vent, lorsque ce moment là arrive, je me demande parfois ou je vais.. la lumière de l'intérieur me réconforte et le bateu continue sa route, comme si rien ne pouvait l'arrêter.
On a croisé des tortues, des dizaines de tortues flottant à la surface de l'eau, levant parfois une patte à notre approche avant de plonger, mais pas le moindre cétacé. Et encore une fois, parce que l'espoir fait vivre, j'ai refais une ligne et deux poissons ont mordu, deux maquereaux, immédiatement remis à la mer. Stupide les maquereaux.
Donc ce fut une traversée tranquille, jusqu'à la fameuse nuit du premier décembre. Petit retour en arrière, nous sommes partis sans carte GPS de la zone, mais avec une vieille copie peu précise des fonds de la zone. Pour remédier à ce manque, nous avons passé la journée à attendre un bateau espagnol censé nous accompagner durant cette traversée. On ne l'a en fait vu qu'à la sortie du port.
Nous abordons les Canaries nord sur l'île Graciosa vers minuit, on s'engage dans le détroit au milieu duquel se trouve l'unique port de l'île. Il n'y a plus de lune, les étoiles éclairent faiblement et le vent se renforce sous l'effet venturi du détroit. On marche au moteur, je cherche les ombres des montagnes je me guide au sondeur et je serre les fesses. Là ou la carte indique 10 à 15 mètres, le sondeur affiche 5 à 8, il remonte à 3 et je ne distingue toujours pas les feux d'arrivée. Mae scrutte aussi et entrevoie un feux rouge intermittent à peine visible, noyé dans une masse de feux de villes. Nous avancons vers lui, mais les fonds remontent à 2, moins de 2 mètres, le sondeur affiche 0,5 mètre, impossible, il disjoncte.. et non. Le temps de relever les yeux, une secousse brutale arrête le bateau, nous projette, le vent soufle toujours plus fort par l'arrière. Je tente un retour, le bateau butte à nouveau en arrière. Mae essaye d'appeler le port par vhf en vain, le bateau se dégage enfin, j'essaye de me guider en suivant une ligne de fond sur le sondeur qui me conduira à l'entrée du port, très peu visible de l'extérieur, et pour cause, ils n'ont pas encore installé l'électricité. Le soulagement est de courte durée (comme dans les films...)
Le vent se renforce encore, 7 sur l'échelle de beaufort, personne répond, il ne semble pas y avoir de place, extrême tension. Une personne vient enfin pour nous indiquer une place de l'autre côté du quai. Après plusieurs tentatives, dans les raffales de vent et cet Espagnol qui criait du bout du quai avec sa lampe torche et dont je ne comprenais pas un mot, je parviens enfin à entrer dans une place à 2 heures du matin. Loann est réveillée.
Vérification immédiate sous le plancher, pas de voie d'eau, le bateau ne coule pas. Le lendemain je vérifierai l'état de la coque.
Leçons à tirer de cette mésaventure dont malgrè tout on se sort bien. Arriver de préférence de jour dans un endroit inconnu avec les cartes à jour, ne jamais croire ce que l'on dit: on m'avait dit que les Canaries c'est 3 mètres de fond partout... ne pas croire les blogs: ce port est facile d'accès de jour comme de nuit, ne compter que sur soi ou bien compter sur la seule personne qui vous avait bien dit de ne pas passer par là, et qui a toujours raison... ce n'est pas moi.
Après vérification sous la coque, cela aurait pu être bien pire. L'impact a fait sauter une partie du gelcoat à 2 centimètres du sondeur et du spido. Une mise  à terre et une réparation sérieuse s'impose avant une autre traversée et ce n'est pas ici que cela pourra être effectué.
Sinon cette île est magique, peu de voitures, pas de route goudronnée, juste des chemins de terre pour les rues composées d'alignements de petites maisons blanches à 2 étages, le tout posé comme un écrin dans un environnement minéral et volcanique. A vivre.
Loann a trouvé des copains, je crois que nous allons prendre du temps.
Pascal

1 commentaire:

  1. Et bien, vous avez du flipper pas mal...
    Vous avez l'air de faire de belles rencontres en tous cas. Et vous avez bien raison de passer Noel loin de la société de consommation!
    Bonne suite et attention à vous.
    Bises, Sophie et Loic.

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