vendredi 6 avril 2012

De la Graciosa à Madère


Traversée de la Graciosa à Machico Madère. du 31 mars au 4 avril minuit
Il y a 265 miles nautiques (soit 483 km). En réalité, en remontant vers le nord, les vents contraires nous ont obligés à tirer des bords et donc à rallonger notre parcours de 100 miles nautiques de plus soit 365 Mn. (675 Km.). Sachant que notre vitesse moyenne était de 3,5 noeuds, nous avons donc mis 4 jours et 9 heures...   Pour Manon:  quel est l'âge du capitaine?
Nous avons croisé des tortues, des dauphins, quoi de plus normal, c'est bien là qu'ils vivent. En pleine mer, là ou les mouettes ne s'aventurent plus, un pigeon vient nous rendre visite, il semble épuisé, perdu. L'amérissage sur le bateau en mouvement ressemble à l' appontement  d'un débutant sur un porte avion, très instable. Il est resté deux jours dans le cockpit, puis il est reparti on ne sait où.
La mer est un peu difficile au début, courte, hachée, le bateau monte et tape violemment, j'ai parfois l'impression qu'il va se briser en deux. A vrai dire les premières 24 heures je suis un peu malade, je ne dis pas un mot, pas faim, pas génial... nous venons de passer d'une vie terrienne à une immersion dans une machine à laver. Peu à peu cela va mieux, l'appétit revient, les repas ce sont au mieux sandwinch ou salade, une fois Mae nous a préparé des  pates, de manière acrobatique...
Quant aux quarts, je "dors" de 2 à 5 heures du mat, et de 8 à 11 heures. Dormir dans un bateau à la gite c'est essayer de trouver un coin pour se caler, mais rebondir à chaque fois que le bateau tape dans les vagues et entendre le doux bruit de l'écoulement de l'eau contre la coque, sans oubler les draps humides, et l'eau que je dois évacuer sous la couchette.
Mae me dit, "c'est galère", je lui réponds que non, cela pourrait être pire comme une panne de pilote, une voie d'eau, bref, ce n'est pas facile mais tout va bien, jusqu'à... Ce que la courroie de George ne lache, il est 15 heures environ, le 2 avril, un rayon de soleil passe entre les nuages, la mer est "peu agitée", le pilote ne marche plus. Cata.. Mais j'ai deux courroies de rechange, et c'est la première fois que je le démonte complètement. Je retire la barre à roue, démonte le pilote, enlève la courroie, et la remplace. Nous remontons George, et il fonctionne. Miracle. L'idée de passer le reste du trajet à la barre ne nous plaisait pas beaucoup, surtout à Mae.
La seule qui dort une nuit complète, mange, et pour qui tout va bien, c'est Loann. Elle est née sur un bateau....
Notre première arrivée aux Canaries fut de nuit, nous avons "écrasé des crabes" jurant ne plus arriver de nuit dans un lieu inconnu sans carte ou gps. Les côtes de Madère sont en vue le mercredi 4 avril, il est 13 heures, arrivée prévue minuit... Le gps principal n'a pas de carte détaillée, on reporte la position sur Open Cpn.
Une multitude de lumières éclaire la côte, heureusement Mae me guide pour retrouver les phares blanc et rouges qui indiquent l'entrée du port. Le mouillage ouvre sur le sud, bien abrité. Dans le reste de la nuit, une pluie violente s'abat, la première depuis 7 mois. Le bateau est étanche, tout va bien. Nous avons dormi jusqu'à midi.
Machico est un petit village de Madère, nous revoyons du vert, des palmiers, des platanes, de jolies maisons centenaires, des rues pavées, c'est magique même si nous ne comprenons rien. Nous rentrons dans un bar acheter des cartes postales. Un vieux couple nous accueille, la femme tombe sous le charme de Loann, lui donne un bonbon, l'homme nous offre un verre de liqueur locale. Sympa.
Voilà pour nos premiers contacts, ça nous plait, nous avons un mois devant nous.
Le "capitaine".