mercredi 31 août 2011

31 aout

A ce jour je me retrouve aux port Gardian des Saintes-Maries-de-la-Mer en Camargue.
Après avoir déposé Mae et Loann à Hyères le 25 aout à la Ciotat, nous avons navigué Manon et moi jusqu'au Cap d'Agde d' ou elle est rentrée chez elle en Dordogne.
La météo du retour prévoyait nuageux et 10 noeuds d'Est environ, en réalité c'était 15 à 20 noueds d'Est, donc à contre, et plus que nuageux, ce qui m'a contraint à m'arrêter si tôt au bout de 10 heures de nav. Mais c'est ca la Méditerranée... imprévisible, changeante, généreuse, colérique, belle et terrifiante, attachante, humide et chaude, ou froide et cinglante, on ne peux l'apprivoiser, elle consent juste à nous laisser transporter.

 Retour sur notre voyage, un mois plus tôt.

Depuis 26 jours déjà nous sommes sur l'eau, nous naviguons sur Balance, nom d'origine de mon Bavaria 35.
A ce jour je me trouve au port de la Ciotat accompagné de ma grande fille Manon qui rentre en Dordogne ou elle vit. Ses vacances se terminent au port d' Agde, rentrée des classes, préparation des affaires... la vie terrienne et scolaire continue.
Dans l'immédiat ce n'est pas encore terminé, au 26 août nous nous trouvons bloqués au port de la Ciotat en attendant que l' avis de grand frais nord ouest passe, parce que évidemment c'est dans l'axe de notre route.
Mae et Loann ont été déposées à Hyères, je les récupèrerais à mon retour.
Premier bilan de ce mois.
25 jours à 4 sur Balance, descente de St Laurent du Var par le Cap Corse, escale au Nord Est de la Corse, paysages d'une grande beauté, nature préservée et sauvage malgré de nombreux bateaux.
Nous descendons par la côte Est sans pouvoir visiter Bastia faute de place, le premier port ayant une place est Campoloro au dessus de Solenzara. L'environnement est volontairement touristique, grandes plages, installations modernes, sans toutefois être aussi massacrée que la Côte d'Azur.
Nous continuons vers le golf de Porto Vecchio, la descente est rapide, portée par un bon vent de Nord nous y restons deux nuits, au mouillage. L'accès au port, c'est plus qu'encombré, risqué et cher, chaque escale portuaire est donc limitée à l'avitaillement et à l'abri.
Nous repartons vers le Sud, direction Sardaigne ou nous attendent au dessus de Olbia nos amis d'Antibes Greg Gégé, leurs enfants Louise et Marco. Retrouvailles chaleureuses dans ce bout de la Méditerranée, ils reviennent de Sicile heureux d'avoir pu parcourir autant de miles (environ 1400).
Nous mouillons dans une crique, «la Cala di Volpe», paysages typiques, arides, balayés par les vents, nombreux récifs. Un paradis si ne n'est que nous n'étions pas les seuls... loin de là, une multitude de yatchs, plus concentrés que dans le port de Monaco, j'avais l'impression d'être un vagabond des mers perdus au milieu d'un monde de paillettes. Courage fuyons, dès le lendemain nous remontons vers le Nord de la Sardaigne, vers l'Ile de la Caprera.
Le vent monte parfois à 25 noeuds, nous mouillons au Sud de l'Isola Rossa en zone protégée, Greg tombe en panne moteur, et les gardes côte veulent nous déloger, mais devant notre situation ils consentent à nous laisser passer la nuit.
Le moteur réparé provisoirement, le lendemain nous nous dirigeons vers une crique très profonde, «la Cala di Villamarina». Bien abritée, elle est aux pieds d'une carrière qui domine la baie et le port de Palau. La navigation entre ces iles est du genre sportive, ventée, un trafic dense nous oblige à louvoyer entre les ferries, et les embarcations en tout genre.
Nous avons aussi, parmi les petits plaisirs dégusté des dorades grillées au bord de la plage, c'est une organisation de préparer et débarquer tout ce petit monde en annexe. Le bonheur ca peu ressembler à ca: voir le soleil se coucher sur la mer, le feu crépiter entre les pierres, le sourire des enfants, le crabe venant chercher sa part, et ces dorades vraiment excellentes... des pêcheurs de Palau.
Nous remontons le lendemain vers le golf de Saint Manza, au dessus des bouches de Bonifacio. Une petite plage à l'écart des autres s'ouvre à nous, un haut fond me surprend, mais les cris de Mae m'arrêtent à temps, mieux que le gps...
Le fond est poissonneux, surtout en espèces de roche, je teste à nouveaux mon équipement, espérant pour une fois ne pas rentrer trop bredouille, l'honneur est en jeux... je reste environ 2 heures, Greg inquiet vient à ma rencontre. Et pour une fois le résultat est honorable, certains vont rire, mais cinq serrans de belle taille garnissent mon sac. Le soir même, ils passent au grille au bord de la plage, tout le monde en profite, plus frais que ca impossible.
Nous passons le lendemain par le Sud des Bouches de Bonifacio au iles Lavezzi au moteur, puis en rejoignant le port de Bonifacio à la voile. Un lieu impressionnant malgré la profusion de bateaux, j'imagine la houle d'une mer forte se fracasser contre les récifs polis par les éléments déchainés.
Quant au port de Bonifacio, c'est tout un poème... un déferlement de vie et de bateaux, une chasse ouverte aux placeurs pour un poste disponible, et au bout d'un acharnement impitoyable le signe attendu et désabusé d'un jeune débordé...


Nous avons fêté les treize ans de Manon le 18 août au port, un casse tête pour moi, et pour marquer cette date importante mon choix se portera sur un bijou local, un bout de coquillage porté en boucles d'oreilles appelé St Lucie.
Nous resterons deux nuits dans cette superbe calanque, bien abrité au pied de la ville suspendue au dessus des falaises calcaires ciselées.
Nous remontons par la cote Ouest sans nos amis que nous rejoindrons à Ajaccio, le premier mouillage sera à trois heures de Bonifacio, une petite crique juste avant l'écueil d'Olmeto, puis nous nous arrêterons dans le golf de Valinco, une baie au Sud d'Ajaccio.
Par des amis je prends des nouvelles de mon ancien travail, un monde ou je passais huit heures par jours depuis quatorze ans, j'acquis la certitude que ca ne s'arrange pas, toujours plus de pressions, de demandes. Ne pas se dire que la fin des vacances approche, qu'il va falloir rentrer, reprendre ou plutôt continuer, ce n'est pas si facile. Vieux réflexes conditionnés, pas facile d'apprendre cette liberté quand la vie a été jusqu'à maintenant régulée.
Nous continuons notre parcours au grès de nos envies, à peine plus loin dans le golf de Porto Pollo, un petit mouillage sympa abrité par des récifs apparents.
Les Iles Sanguinaires sont notre prochaine étape, un passage obligé mais très agréable, nous y mouillons une nuit avant de rejoindre Greg à Ajaccio. Une étape sans grand intérêt si ce n'est un repos compensateur avant la traversée vers le continent du lendemain.
Nous partons donc vers le continent le 24 août, 13 heures, direction Hyères pour moi et la Grande Motte pour Greg. Pétole sur tout le parcours, moteur, une baleine aperçue, des bancs de dauphins croisés, et pour la première fois des tortues. Pur hasard de rencontre incertaine, comment une libellule, verte de surcroit, a atterri en pleine mer sur le tableau arrière.
Nous atterrissons le 25 à 15 heures au port de Hyères ou je dépose Mae et Loann, je poursuis ma route avec Manon, nous nous arrêtons au port de la Ciotat à 22 heures. Un repos bien mérité nous attend, un peu plus long que prévu puisque un avis de grand frais nous bloque un jour de plus.
Une navigation différente, rien qu'avec ma grande fille, et même si parfois elle aimerai bien être déjà chez elle puisque c'était convenu comme cela, cela rend notre relation un peu plus privilégiée, plus exclusive, ou je peux être enfin rien que pour elle, à son écoute. C'est peu sur un an. Et tant mieux si le vent fraichit et les orages grondent.